Tracteur passion

Un mercredi de juin, fin de matinée. L'ambiance est détendue dans le bureau de Matthieu Luthier, responsable développement et communication au Comptoir agricole. Les vannes fusent : « Grégory ? C'est un peu l'homme qui murmurait à l'oreille des tracteurs ! », plaisante Matthieu Luthier. « Si l'on veut être précis, ce serait plutôt l'homme qui murmurait aux rétros ! », répond du tac au tac l'intéressé, en souriant. Grégory Ledien est expert agriculture de précision et connectée à la coopérative alsacienne, poste nouvellement créé. Avant cela, il pilotait OptiSat, structure qui proposait des solutions d'agriculture de précision, avec un actionnariat atypique : deux coops, la Cac et le Comptoir agricole, et un concessionnaire John Deere, le groupe HAAG.

Le machinisme comme hobby

Plus qu'un métier, c'est une passion. « A la rubrique Hobbies de mon CV, il y a machinisme agricole », relève Grégory Ledien. « Depuis tout petit, j'ai une fascination pour la moiss-batt. Du côté maternel, il y a une exploitation agricole. Au grand désarroi de ma maman, j'y ai passé beaucoup de temps. » Sur les conseils de sa mère, il choisit un cursus plus généraliste qu'agricole, et enchaîne un BEP et un Bac pro MSMA (maintenance des systèmes mécaniques automatisés). « J'ai affuté mes connaissances en pneumatique, hydraulique, électronique. Cela m'a beaucoup servi par la suite. » Le virus de l'agriculture ne l'ayant pas lâché, il part sur un BTS génie des équipements agricoles, en alternance dans une ETA. « J'ai un peu galéré en sortie de BTS », avoue Grégory Ledien. Il fait quelques mois à l'usine, chez Kuhn, avant de plier bagage. Cap sur la Vendée, chez un constructeur, puis dans les Deux-Sèvres, chez des concessionnaires. Mais au bout de quelques années, la nostalgie de l'Est se fait sentir. Et début 2013, il entre au groupe HAAG (John Deere). « En janvier 2012, OptiSat est créée, relate Grégory Ledien. Après quelques mois chez HAAG, j'ai intégré la structure. » Une bonne expérience : « Il y avait beaucoup de travail, mais c'était très riche. OptiSat a réussi à sortir une centaine de clients RTK (système de guidage, NDLR). Pour l'Alsace, ce n'est pas anodin. » Mais fin 2016, la décision est prise de fermer cette filiale. Grégory Ledien, responsable d'OptiSat se retrouve donc au Comptoir agricole, l'un des trois actionnaires. « Je suis arrivé le 13 mars, le jour de la fermeture d'OptiSat, se souvient-il. On a fini proprement. Je n'aurais pas pu imaginer une suite si cela n'avait pas été le cas. » Aujourd'hui, s'il est salarié du Comptoir, il a encore des missions de consultant pour HAAG et la Cac. Au quotidien, il réalise des formations sur les semoirs, sur le réglage des machines pour la récolte de la luzerne, ou encore du soutien sur la lecture des cartes Farmstar. « Les demandes sont multicanal : un TC peut m'appeler, ou un agriculteur en direct... » Un expert passionné de machinisme en coopérative ? « C'est vrai que cela peut paraître étrange, opine Grégory Ledien. J'aime l'aspect neutralité. Ne pas avoir de logo sur le bras me permet de voir d'autres technologies. Et je ne voulais plus faire de vente, or le Comptoir ne vend plus de matériel agricole. » Des machines, oui, mais pas que : « Je ne parle pas que tracteurs et moissonneuses-batteuses ! Il y a aussi les stations météo, le guidage... Et il va falloir faire le tri dans toutes les nouvellestechnologies qui arrivent. »

Marion Coisne